20/11/2007

Gropiusstadt sous la neige


La première fois que je suis venue à Berlin, en 2nde, j'ai réclamé une escale à Gropiusstadt.
A cause de Christiane F. On a du me répondre que ce n'était pas franchement un lieu touristique.
Et en arrivant ici, j'ai relu le livre (Wir Kinder vom Bahnhof Zoo en V.O, légèrement moins racoleur que "13 ans, droguée, prostituée" en français) et vu qu'avant Gropiusstadt, Christiane F. avait habité Paul-Linke Ufer, c'est-à-dire à deux pas de chez moi.
C'était donc le moment de faire le chemin inverse.

A Gropiusstadt, dans le quartier de Neukölln, un vendredi matin, il neige. Les cafés sont déserts et les gens pressés.
C'est une cité dortoir en béton comme une autre.
Sur les plans des années 50, ce devait être la cité idéale de Walter Gropius et du Bauhaus. Un rêve d'urbaniste.

C'est vrai que ce n'est pas "touristique". Il n'y a rien à voir, rien d'autre que des immeubles en béton, des parkings, des espaces verts gris, des formes géométriques et des lignes. Les cabines téléphoniques sont intactes, les allées sont bien propres, les murs moins tagués que partout ailleurs à Berlin. Les banlieues françaises doivent être envieuses.

La "Maison du milieu", le centre socio-culturel qui a du fermer quand Christiane F. et ses voisins en ont fait leur petite "scène" (de la drogue), est encore là.
Gropiusstad a une mauvaise image à Berlin, comme Neukölln en général. Pourtant ça n'a pas l'air pire qu'ailleurs. Juste plus triste.

14/11/2007

Mauerpark

Debora a eu de la chance, elle est venue me voir ici au moment même où l'hiver débarquait pour de bon. Avec de la grêle mais aussi de la vraie neige. Autant dire que le lendemain, c'était le jour idéal pour aller faire un tour aux puces du Mauerpark, à Prenzlauerberg. Les pieds dans la boue, et le vent glacial qui s'engouffre sous l'écharpe. La bruine en prime. On peut toujours faire comme si les tentes tenaient chaud. Ou alors tester la veste en belette (naturelle, of course).
Je me suis bien concentrée pour cacher mon accent français, histoire de pouvoir négocier les prix sans passer pour une touriste (que je ne suis pas!)...et j'ai acheté mon premier ami allemand : Wolfgang.

03/11/2007

Nosfell @ Tacheles

photo : maisonpop.net

Nosfell fait peur. Il arrive, tout en noir, visage impassible, lumière tamisée qui éclaire ses traits plus ou moins parfaits. Il ne dit rien, il a le regard vide.


Nosfell fait l'oiseau. Il joue en équilibre sur un pied, les bras repliés comme des ailes, les mains tordues comme des griffes. Il ne siffle pas, mais il gazouille, de sa voix limpide.


Nosfell ressemble à une gargouille. Son visage se contracte et se détend à l'extrême. De son corps sculpté, on ne voit plus que les tatouages et les veines qui courent. Sa voix se fait grave, rapeuse, impressionnante de puissante.


Nosfell fait mal. Quand il hurle, on sent les poumons se déchirer. Mais quand il se calme, c'est encore pire.


Nosfell est un loup, qui chante dans une langue qu'il a inventée, à des personnages qu'il a inventés, dans un monde qu'il a inventé.


Nosfell est un virtuose. Ses musiciens sont ses frères de sang.

J'en ai oublié de prendre des photos.
Scotchée.