27/03/2008

Ehrlich gesagt


Mardi après-midi, à Prenzlauerberg, le soleil brille. Mercredi matin, à Potsdam, les flocons de neige s'allient au vent glacial. Mon moral est comme le temps berlinois de ce mois de mars : en dents de scie.


Les perspectives de travail et donc d'argent paraissent toujours nombreuses, aucune ne donne finalement grand chose. J'ai envie d'être occupée, j'ai aussi envie de déménager. Je voudrais participer pleinement, ne plus me sentir en transition entre passage et installation. Sept mois après mon arrivée, tout reste encore à faire, une facon de vivre à imaginer.


Je voudrais une terrasse au soleil et une grande maison pleine de monde, je voudrais des projets et des idées. Berlin me donne envie de lire, d'apprendre, de découvrir encore. Et d'écrire.


A quand le printemps et l'éclosion?

10/03/2008

Une histoire berlinoise


Il était une fois une grande maison colorée, qui ouvrait sur une cour encombrée, qui donnait sur une autre grande maison occupée par des ateliers. Il était une fois un petit monde fourmillant et complexe, hétérogène et uni, francais autant qu'allemand, qui y avait installé un bar ouvert le jour des enfants. Il était une fois l'endroit où s'ouvrirent pour moi les portes de Berlin. Il était une fois un Hausprojekt comme tant d'autres, dans une rue dont toutes les maisons étaient autrefois aussi colorées et animées que celle-ci. Il était une fois une maison dans une certaine rue de Friedrichshain qui s'accrochait à un rêve devenu anachronique, qui voyait repeindre et rénover autour d'elle mais qui ne voulait pas se laisser impressionner par la montée des prix dans un quartier devenu "hype" et bobo. Il était une fois un endroit qui fêtait ses dix ans mais aussi sa fin. Il était une fois cette maison qui signe la fin d'une époque que je n'ai connue que quelques mois.. Berlin, la ville où l'on arrive toujours trop tard.

Galère et petits plaisirs urbains


L'image de la semaine : le plan des S-Bahn. Je pense que je le connaîtrai bientôt par coeur, que les petites lignes de toutes les couleurs finiront par s'incruster sur ma rétine. Moi qui ne le prenais jamais, j'apprends à jongler avec le Ring (le train qui fait le tour de Berlin, dangereux quand on a une légère tendance à se tromper de sens...), puisque depuis mercredi dernier, ni bus, ni "métro-bus", ni métros à Berlin : la BVG streikt. Transcription "parisienne" : la RATP fait grève, et en dehors du RER point de salut..

Il me semblait pourtant avoir vécu deux ou trois jours de grèves à Paris, mais je n'avais pas eu l'impression d'être autant "empêchée". Les stations de métro sont purement et simplement fermées. Problème : la station de S-bahn est à cinq arrêts de chez moi... des bus spéciaux sont en service, il en passe un toutes les trente minutes, je cours derrière comme tout le monde, saute à bord sans avoir pris la peine de vérifier quelle direction il prend, trop heureuse de pouvoir ralier un S-bahn quel qu'il soit sans marcher 45 minutes (cela dit, la traversée de Neukölln à pied commence à m'inspirer une certaine tendresse, c'est poétique à sa facon..).

Berlin prend des airs parisiens, avec ses usagers excédés, ses embouteillages inhabituels, ses taxis plus nombeux, ses visages interrogateurs aux arrêts de bus (effet boule de neige : il suffit qu'une seule personne soit plantée devant un arrêt de bus pour que tout le monde se mette à attendre au même endroit, sans aucune preuve que la ligne est bien desservie). J'aime assez cette ambiance, disons que je me demande seulement pourquoi c'est très précisément depuis le début de la grève que j'ai trouvé du travail (à l'autre bout de la ville cela va sans dire...). La ville au ralenti, je profite de mes deux heures de trajet pour me reconnecter avec elle ou découvrir l'inconnu à la faveur d'un trajet improbable, en rêvant d'avoir (enfin) un vélo...

(Pour un éclairage plus objectif, voir les dernières nouvelles ici)

01/03/2008

Allo, allo, Berlin?


La ville se dérobe...ou c'est moi qui ne lui prête plus attention ? C'est peut-être simplement le mois de février qui semble s'éterniser en cette année bisextile, entre jours de pluie et grand soleil par cinq degrés. Je ne suis pas la seule à fatiguer. A Kottbusser Tor, ça pue, et il y a toujours trop de monde sur l'Alexanderplatz. J'ai moins envie de faire des photos, et je lis dans le métro, au lieu de regarder par la fenêtre un chemin que je connais par coeur depuis longtemps mais au paysage duquel j'ai été fidèle depuis mon arrivée. Et l'exaltation berlinoise, alors? Toujours là, il faut juste penser à lever les yeux dans la rue, ne pas avoir l'impression d'être "habituée". Retrouver ces moments où je suis juste heureuse d'être arrivée jusqu'ici.

C'est à peu près la seule chose dont je suis certaine en ce moment, que cette sensation-là va durer, ou revenir, avec une nouvelle force, sous une autre forme. Je n'ai encore rien vu. Et c'est le seul bilan que j'ai envie de faire après 6 mois -jour pour jour- passés à Berlin.